Machinations s’attachera à l’histoire des machines et à des inventions paradoxales de la chimie au travers de mystérieuses hypothèses sur le vivant…
(et oui !)
Il sera question de Généalogie et naissance d’un mécanisme de transmission pneumatique et d’une théorie de l’évolution des machines en considérant la Mécanique du point de vue de la linguistique et inversement.
Après Cosmogonie portative, nous continuons à suivre de loin le poème de Raymond Queneau – Petite cosmogonie portative – cette fois autour de son sixième chant consacré aux machines. Nous nous appuierons aussi sur Les principes fondamentaux d’une théorie générale des machines de Franz Reuleaux (1877).
Machinations est un projet de spectacle déambulatoire –
le public circulera entre plusieurs installations mêlant projections de films d’animations, micro conférences, spectacles miniatures, expérience à la table, maquettes animées, dispositifs mécaniques, captations sonores de machines, dialogues de mécanismes…
Antonin Chambon, Octave Courtin, Jean Pierre Larroche et Xavier Tiret commencent l’exploration de cette
Mécanologie, d’autres viendront les rejoindre…
Machinations sera créé à l’automne 2026
et a été mis en chantier en avril 2025
au Bercail à Dunkerque
Les machines, dans certaines de leurs combinaisons ou associations, composent des propositions.
Les mots, les phrases, la grammaire s’assemblent comme des dispositifs mécaniques, il manque parfois des pièces dans certaines langues ou certaines machines qui ne fonctionnent plus ou mal.
On peut retrouver l’origine des langues par démontages, adaptations et déductions.
Il existe des langues en pièces détachées.
Les machines se rangent en classes, genres et familles.
Des espèces de machines parlent-elles ?
Nous ferons parler un embrayage à leviers ou le système bielle-manivelle…
janvier 2025
échange Xavier/Jean Pierre
De façon générale je poserai des questions de sens (ouie odorat vue …)
Aussi parce que plus que jamais le rapport humain/machine me semble poser des
problèmes insolubles du fait de la multisensorialité des humains et de leurs états d’âme
que les machines n’ont pas.
C’est le problème de l’interface homme machine si étudié mais jamais résolu. Car bien
sûr il est inconcevable de prévoir toutes les interactions et donc il y a toujours un
utilisateur qui joue de travers dans un contexte imprévu et qui fait tout partir en vrille.
La voiture autonome est bien inefficace sur le rond point des Champs Elysées…
assemblée : une salle des machinations
occupée bien entendu par toutes sortes de M. (actives, passives, réflexes, en sommeil…)
avec des « scènes » multiples : tables de travail, tableau noir, écran de projection, rétro projections, théâtre miniature, banc d’expérimentation…
j’ai ajouté : indéterminé, aléatoires, polyphonie : les M sont cycliques (par nature), leurs cycles s’additionnant et se croisant
font une polyphonie aléatoire (de façon réelle ou factice)
j’aime cette apparente « indétermination » (laisser la place aux attaques de la surprise)
corps organes, organisme
on pourrait inventer une sorte d’organologie mécanique (il y a une organologie – étude des instruments de musique…
La douleur existe-t-elle chez les machines ?
Est elle fatiguée ? nous fatigue t’elle ?
C’est une piste pour les rendre plus sensibles
c’est un lieu commun de la pensée de la Machine : Machine/corps humain, corps-machine… mais bon, ce
vis à vis demeure tout de même assez intéressant, non ?
la finalité de la machine qui lui est externe vs la finalité inconnue de l’humain (cf Kant)
La croissance de la machine était moins visible à l’époque de Kant et constituait une
différence avec les humains (qui eux se développent) aujourd’hui c’est moins net
les Gestes des M. (tremblements, caresses, glissement, claudication, se relever, se déployer, s’écrouler, balancements, sauts…)
j’aime beaucoup ce mot
Les M. imitent-elles les corps vivants ?
l’idée du corps suppose la Généalogie
—>G.Simondon ( mécanologie ou mécanologie2 )
—>G.Canguilhem Dans la connaissance de la vie le chapitre Machine et organisme
linguistique s’inventer une branche mécanique de la linguistique
par extension écouter ce que nous disent les M
aller à l’écoute
et les faire chanter si possible
il y a aussi les (nombreuses) Machines à écrire (et traduire). Au sens large : toutes sortes de machines qui produisent et rendent visible de l’écrit
échange Antonin/Jean Pierre
– Sans fixer quoique ce soit de la forme à laquelle nous sommes arrivés, le principe de l’exposition-installation-machinerie dans laquelle est immergé le public me plaît. J’y crois !
De manière générale, ça me fait penser à la rencontre entre une machinerie géante et une jungle => prendre les machines dans leur “environnement naturel”, des machines “à l’état sauvage” avec leurs techniques de camouflage (comme le caméléon ou le paresseux qui se déplace tellement lentement qu’on ne le voit pas), leurs découvertes par leur “cris” & leurs sons (la jungle est très bruyante, mais on n’y voit rien). Ça me fait presque penser à un “documentaire animalier” machinique. C’est une sensation forte d’être entouré de choses qui nous observent sans que nous les voyions. Là où nous pensions voir une feuille, c’est un essaim d’insectes.
Être observé par des machines que nous ne voyons pas directement. Ça peut créer de la surprise, une tension vers l’observation minutieuse pour discerner la machine active de la simple tuyauterie inerte.
J’aime cette métaphore de la jungle
ce qu’elle évoque : un lieu saturé, peuplé d’êtres machiniques, certains explicites et d’autres énigmatiques (organismes ou machines ou bien entre deux ?)
et cette idée de machines observatrices dissimulées (qui fait bien sûr penser aussi à la surveillance numérique et vidéo)
– L’idée d’un guide qui nous aide à circuler peut-être intéressante aussi. On le retrouve à différents endroits du dispositif, sous différentes formes. Un énième Mahu (mais à priori quelqu’un d’autre, même si l’épopée de Mahu en plusieurs épisodes me fait sourire aussi), une figure parfois marionnettique, parfois dessinée, parfois un simple morceau dans un coin qui parle. On a l’impression qu’il se déplace dans cet espace en changeant de forme. Cette idée me fait pensée aux furtifs de Damasio.
– un arbre central, comme l’axe du moulin qui traverse tout le bâtiment.
Tout l’actionnement de cette machinerie se fait depuis un point dont partent tous les fils. C’est l’arbre à cames de Machination. Pourquoi pas.
En voiture de retour avec Octave, il nous venait dans le même esprit le principe d’un dispositif pneumatique central distribuant de l’air à tous les moteurs et actionneurs.
Une réserve commune (limitant, dans la mesure de sa capacité) le temps d’action de l’ensemble.
Au delà de la question technique (utiliser une seule source d’énergie – pneumatique – pour la presque totalité des machines motorisées), il y aurait là de la « respiration », du souffle, quelque chose (l’air) de commun entre des instruments sonores (à vent) et des moteurs à l’origine de chaînes cinématiques.
– je pense que la question de l’acteur.ice ou des acteur.ices est capitale pour la suite. Selon qui c’est, ça donne une couleur très forte au rapport public, à la parole. J’ai l’impression tout de même qu’Octave et moi pouvons être présents, actifs en manipulation, peut-être en intervention légère.
À voir dans quel sens on le prend : est-ce qu’on veut travailler avec quelqu’un en particulier et le dispositif se crée en partie autour du jeu de cette personne ou l’inverse, on avance dans le dispositif et on cherche ensuite quelqu’un qui colle ?
Moi, je prendrais bien une voie mixte : surprise de ce que propose le(s) acteurice(s) + un penchant vers le travail vocal (comment chantent les machines ? )
– “Sans humain à l’intérieur”, c’est quelque chose que j’imaginais aussi. La machinerie est activée à distance, le public est seul dans ce dispositif / jungle de machine, les acteurs / figures sont tous plus ou moins machiniques, ils parlent, racontent leurs histoires, guident le public, demandent à être actionnés, touchés, écoutés, etc. Mais dans cet espace, on n’y voit pas d’humain. Des automates à la limite.
« sans humain » ou bien avec humain parcimonieux, humain en marge, prêt à être absorbé par les dispositifs, à s’effacer, jusqu’à disparaître…
– Ce serait bien d’isoler 2 ou 3 “personnages” (la linotype, l’aspirateur, un autre?) et de leur inventer une histoire, un parcours, des questions qu’ils se posent. Ça peut être un jeu d’écriture entre nous pour commencer à tirer les fils de la suite.
Oui, il faut augmenter la famille (et penser aussi aux généalogies) et les faire parler, oui
l’identification de ces individus est décisive !
grande machine (linotype) dont on peut seulement parler ou donner à voir des morceaux, catalogues, témoignages
petites machines domestiques (aspirateur) plus ou moins « historique » (Baleix)
machines opaques (qu’est ce qu’il y a sous leur enveloppe, qu’est-ce qu’elles font ?)
machines gestuelles
machines à écrire, parlantes, sonores
fictions de machines (design fiction, Bruce Sterling)
machine low tech, machines hight tech
…………….
– Pas une question de contenu, mais une remarque/envie personnelle. Je ne suis pas particulièrement manuel ou bricoleur, mais ça m’intéresse, j’ai de l’appétence pour ça même si peu d’autonomie. Pour moi, c’est aussi une occasion d’apprendre certaines choses en vous voyant actif sur la construction et la “technique”. Dans ce sens, ça me plairait d’aller plus loin (sans être dans vos pattes évidemment). Je suis donc intéressé par tout travail de petites mains, à la chaine ou autres, qui me permettent d’aider en intégrant des choses ! je prends note !
j’ajoute en vrac :
– la thermodynamique —>
les machines du points de vue de la conservation et dissipation d’énergie
—> la fatigue des machines (usure, frottements, grincements, pertes, déperditions, déchets…)
—> transferts d’informations
– le biologique/le mécanique
– les machines/fictions du design spéculatif et dystopique
– prendre la température des M, les écouter au stéthoscope
– des personnages pour ainsi dire, pour un théâtre qui ne sera pas un théâtre
Des personnages-machines, une communauté avec Mahu circulant parmi eux
souvent ces M parlent
elles sont « incarnées » de façons différentes :
effective
représentée, figurée
démontée
schématisée
racontée, évoquée
démontrée
miniaturisée…etc
– une (vraie/fausse) Théorie des Machines avec classification, morphogenèse, arbre phylogénétique…
Ouverture de la présentation
Bonjour. ce que vous allez voir et entendre c’est un carnet de notes
des matériaux rassemblés pendant 5 journées de travail ici au Bercail
le tout premier temps d’un projet nommé Machinations
sans aucun ordre ni fin ni commencement, sans queue ni tête
vous entendrez des paroles de Raymond Queneau – un poète – de Gilbert Simondon, Walter Benjamin, Georges Canguilhem, Donna Haraway - des philosophes – d’un ingénieur mécanicien – Franz Reuleaux
notre projet est une rêverie :
réunir une assemblée disparate de trucs, de machins et machines comme on réunirait des personnes étrangères, des amies…pourquoi pas
pour les écouter, entendre leur bruissement, converser avec elles, monter des machinations
pour le plaisir et le jeu, circuler sur la frontière entre organisme et machines en inventant des confusions
nous avons disposé des machins et machines actives, passives, réflexes, perplexes, en sommeil, dures, molles, fragiles, faillibles, fatiguées, épuisées parfois, à bout de souffle, toujours approximatives, parfois définitives
et nous sommes 4 parmi elles, bien vivants, comme des soigneurs, éleveurs, observateurs attentifs
Le phénomène Aspirateur – Xavier Tiret au Bercail – avril 25
L’air n’est pas un milieu calme, de près, c’est une multitude de particules qui voyagent à très grande vitesse et qui statistiquement font à peu près du surplace.
Ces particules s’appuient sur les objets de notre environnement, plus on monte, moins il y en a, autant dire que celle du bas supportent toute la pile du dessus.
Là où il y en a beaucoup, en bas, l’air supporte la pression produite par le poids de l’air jusqu’en haut de l’atmosphère et microscopiquement obtenue par les chocs désordonnés des particules.
Cette machine :
l’aspirateur ne fonctionnerai pas dans le vide, c’est une machine à favoriser certaines directions du mouvement des particules d’air, il les forces ainsi à s’engouffrer et à tenir leur rang.
L’effet premier de la machine est de produire du bruit par frottement des composants internes
ALLUMAGE MOTEUR
et de produire aussi de la chaleur dans les fils du moteur électrique qui anime la turbine.
L’effet secondaire mais néanmoins celui que l’on recherche est une pseudo organisation des particules d’air en un courant.
L’ordre vient d’un organe particulier: la turbine et plus précisément de sa roue qui littéralement conditionne les particules et les entraîne préférentiellement sur une ligne de courant allant de l’entrée vers la sortie.
La machine produit un déséquilibre statistique dans le chaos des mouvements microscopiques et ce déséquilibre fait apparaître la différence de pression.
Ce courant d’air lui même est responsable du phénomène d’advection des particules de poussière, c’est à dire leur transport à travers les tuyauteries de la machine et en dernier lieu de l’accumulation de ces particules (dans un réceptacle).
Certains aspirateurs sont même capables de discriminer les particules par leur taille gràce à une centrifugation dans un courant hélicoïdal, ils sont dits à séparation cyclonique.
Ce phénomène dépend de la viscosité et de la vitesse des particules d’air et peut être étudié en calculant le nombre de Reynolds, le nombre de Stokes et décrit grâce aux équation de Navier Stokes.
Ici nous avons un venturi, du nom de Giovanni Venturi qui l’a décrit à la fin du 18e siècle.
Ce principe est bien connu en physique et s’explique facilement grace à l’équation de Bernouilli
Daniel Bernouilli vers le milieu du 18e (1740) nous livrait un théorème qui porte son nom.
Il établit le bilan hydraulique simplifié d’un fluide en écoulement stationnaire dans une conduite.
Il s’agit en fait d’un bilan énergétique qui comprend 3 termes : un terme de vitesse un terme d’altitude et un terme de pression.
la sommes de ces 3 termes reste constante sur une ligne de courant, c’est à dire, sur une ligne correspondant au déplacement d’une particule dans le fluide.
Ce bilan est simplifié car Il considère que l’écoulement est stationnaire donc stable
Il considère que le fluide est incompressible : il ne change pas de masse volumique en fonction de la pression
il ne prend pas en compte les phénomènes dissipatifs En particulier dus à la viscosité du fluide : Le frottement
Il explique néanmoins assez bien le phénomène de ce vaporisateur à Effet Venturi
En sortie du tuyau de l’aspirateur, le fluide passe par un réducteur de section ( c’est à dire du diamètre du passage)
À cette occasion comme le diamètre diminue la vitesse est augmentée localement à l’endroit du rétrécissement
en effet Comme l’équation comporte aux 3 termes dont la somme doit rester constante : le premier concernant la vitesse le 2nd concernant l’altitude le 3e concernant la pression,
si on considère que l’altitude de la particule n’a pas varié, comme la vitesse a varié alors la pression doit varier et en l’occurrence comme la vitesse a augmenté la pression doit diminuer en conséquence pour équilibrer la somme des termes.
Le tuyau plongeur débouche dans le col du venturi, à l’endroit même de l’étranglement
alors dans le tuyau plongeur se produit une dépression qui va sucer le liquide du bocal et le propulser vers le rétrécissement du Venturi,
il sera ensuite entraîné dans le courant d’air et pulvérisé par la buse en direction du tableau.
on a parlé de :
jungle
décidément la métaphore fonctionne, elle nous plaît
un lieu aux frontières brouillées entre animé/inanimé, mécanique/organique
où l’on ne sait pas bien ce qui est machine et ce qui ne l’est pas
hybridations
lieu « multiscalaire » (aux échelles multiples)
une sorte de « milieu naturel », une réserve
lieu de dissimulation, camouflage, (dé)compositions, assemblages (de M)
gestes
la perception d’une machine peut se réduire à son (ses) seul(s) geste(s)
consommation, rejet, déjections, cycles de vie, fatigue, usure…
toutes opérations qui alimentent le trouble organique/mécanique
l’humain
dans notre jungle il est « parcimonieux », en marge
assimilation, hybridation, dissolution, disparition…
comme dans un train fantôme
les spectateurs circulent semi-librement, ils sont conduits
il y a un ordonnancement des événements
on se demande
ce qu’elles font
du son? du mouvement ?
à quoi elles servent ? sont-elles vraiment des M ?
elles ne font que parler ? écrire ?
jouer avec ce qu’elles sont, ce qu’elles sont supposées faire, ce qu’elles font vraiment
une exploration (dans la jungle)
avec une sorte de guide notre personnage Mahu, incarné de multiples façons
instruments d’observations
quels outils de mesure pour telle qualité
loupe, stéthoscope, oscilloscope, prise de température, antenne de détection, bâton de sourcier…
l’énergie
elle est au centre
pas de M isolée
connexions, relations…
l’espace, la scénographie
un archipel
ce n’est pas un espace continu, il est constitué d’ « îlots » indépendants éventuellement reliés
dont l’arrangement pourrait être variable
vraie-fausse théorie des Machines
elle accompagne l’exploration
il y a une classification, des généalogies, des lois, des principes, un éthique…
machinations
quelles sont les machinations des systèmes ?
les Manigances
relations cachées
interprétation
épuiser l’interprétation d’une machine
quelle est sa fonction, ses dépenses, sa généalogie, ses usages, sa durée d’existence, ses modes de consommation,
quelles relations ?
parler
langage des M, traduction
les entendre parler (elles sont muettes parfois)
fiction
inventer un récit
cette jungle serait la friche (dans le futur) d’une fabrique (entrepot, reserve, musée…?) de machines
du temps est passé depuis son abandon,
la « nature » a pris le dessus
les machines ont pris – elles – leur autonomie —> mutations, hybridations
c’est une exploration
quelles machines dans notre jungle ?
c’est la question importante pour avancer
sont-elles toutes identifiables (leur fonction, leur usage) ?
non, la plupart ne le sont pas
comment les rassembler, les inventer ?
—> le jeux des machinations
un jeu de cartes pour inventer des machines
8 catégories :
verbes d’action
traits de caractère
énergie d’entrée
énergie de sortie
caractères sonores
moteurs
organes mécaniques
divers (jokers)
on tire une carte (ou plusieurs) de chaque catégorie, on s’arrange, on corrige…et on fabrique avec une nouvvelle machine ou machinerie
Le cyborg est un organisme cybernétique, hybride de machine et de vivant, créature de la réalité sociale comme personnage de roman.
Je plaide pour une fiction cyborgienne qui cartographierait notre réalité corporelle et sociale, une ressource imaginaire qui permettrait d’envisager de nouveaux accouplements fertiles.
Manifeste Cyborg, Donna Haraway
On peut définir la machine comme une construction artificielle, oeuvre de l’homme, dont une fonction essentielle dépend de mécanismes.
Un mécanisme, c’est une configuration de solides en mouvement telle que le mouvement n’abolit pas la configuration.
Le mécanisme est donc un assemblage de parties déformables avec restauration périodique des mêmes rapports entre parties.
L’assemblage consiste en un système de liaisons comportant des degrés de liberté déterminés :
par exemple, un balancier de pendule, une soupape sur came, comportent un degré de liberté ; un écrou sur axe fileté en comporte deux.
La réalisation matérielle de ces degrés de liberté consiste en guides, c’est-à-dire en limitations des mouvements de solides au contact.
En toute machine, le mouvement est donc fonction de l’assemblage, et le mécanisme, de la configuration.
G. Canguilhem
« L’imagerie cyborgienne ouvre une porte de sortie au labyrinthe des dualismes dans lesquels nous avons puisé l’explication de nos corps et de nos outils. C’est le rêve, non pas d’une langue commune, mais d’une puissante et infidèle hétéroglossie. C’est l’invention d’une glossolalie féministe qui glace d’effroi les circuits superévangélistes de la nouvelle droite. Cela veut dire construire et détruire les machines, les identités, les catégories, les relations, les légendes de l’espace. Et bien qu’elles soient liées l’une à l’autre dans une spirale qui danse, je préfère être cyborg que déesse »
Manifeste Cyborg, Donna Haraway
« Je plaide pour une fiction cyborgienne qui cartographierait notre réalité corporelle et sociale, une ressource imaginaire qui permettrait d’envisager de nouveaux accouplements fertiles »
Manifeste Cyborg, Donna Haraway
« Une seconde distinction est en train de se lézarder, celle qui oppose l’humain-animal (l’organique) et la machine. Les machines précybernétique pouvaient être hantées ; il y a toujours eu dans la machine le spectre du fantôme […] Au fond, les machines ne se déplaçaient pas toutes seules, elles ne s’autoconcevaient pas, n’avaient aucune autonomie. Elles ne réalisaient pas le rêve de l’homme, elles ne pouvaient que le tourner en dérision. [Maintenant ] Nos machines sont étrangement vivantes, et nous, nous sommes épouvantablement inertes. »
Manifeste Cyborg, Donna Haraway
…toutes les pièces des mécanismes montés pour la production d’un effet d’abord seulement rêvé ou désiré, sont des produits immédiats ou dérivés d’une activité technique aussi authentiquement organique que celle de la fructification des arbres et, primitivement, aussi peu consciente de ses règles et des lois qui en garantissent l’efficacité, que peut l’être la vie végétale. L’antériorité logique de la connaissance de la physique sur la construction des machines, à un moment donné, ne peut pas et ne doit pas faire oublier l’antériorité chronologique et biologique absolue de la construction des machines sur la connaissance de la physique.
G.C
Il y a plus de finalité dans la machine que dans l’organisme, parce que la finalité y est rigide et univoque, univalente. Une machine ne peut pas remplacer une autre machine. Plus la finalité est limitée, plus la marge de tolérance est réduite, plus la finalité paraît être durcie et accusée. Dans l’organisme, au contraire; on observe – et ceci est encore trop connu pour que l’on insiste – une vicariance des fonctions, une polyvalence des organes. G.C
Une machine est fabriquée pour un usage déterminé (finalité limitée), un organisme vivant a une finalité indéterminée: il est expérience, tentative… G.C
Une machine est fabriquée pour un usage déterminé (finalité limitée), un organisme vivant a une finalité indéterminée: il est expérience, tentative… G.C
il y a plus de finalité dans la machine que dans l’organisme, parce que la finalité y est rigide et univoque, univalente. Une machine ne peut pas remplacer une autre machine.
Plus la finalité est limitée, plus la marge de tolérance est réduite, plus la finalité paraît être durcie et accusée. Dans l’organisme, au contraire; on observe – et ceci est encore trop connu pour que l’on insiste – une vicariance des fonctions, une polyvalence des organes. G.C
les machines peuvent être ….les organes de l’espèce humaine.
Un outil, une machine ce sont des organes, et des organes sont des outils ou des machines. On voit mal, par conséquent, où se trouve l’opposition entre le mécanisme et la finalité. Personne ne doute qu’il faille un mécanisme pour assurer le succès d’une finalité ; et inversement, tout mécanisme doit avoir un sens, car un mécanisme ce n’est pas une dépendance de mouvement fortuite et quelconque.
G.C
Le mécanisme est une chaîne cinématique fermée ; la chaîne cinématique est simple ou composée et est formée de couples d’éléments. Ces derniers portent en eux-même les formes enveloppes des mouvements que les corps en contact doivent avoir les uns par rapport aux autres, de telle sorte que tous les mouvements autre que ceux qu’on désire réaliser se trouvent forcément exclus du mécanisme.
F. Reuleaux
Un mécanisme entre en mouvement lorsque l’un de ses membres mobile vient à être sollicité par une force mécanique susceptible de le faire changer de position.
La force accomplit dans ce cas un travail mécanique qui se produit avec des mouvements déterminés ; l’ensemble constitue une machine.
F.R
Une machine est un assemblage de corps résistants disposés de manière à obliger les forces mécaniques naturelles à agir en donnant lieu à des mouvements déterminés
F.R
Une chaîne cinématique fermée dont un membre est maintenu fixe constitue un mécanisme.
F.R
Forces latentes – forces sensibles dans un système mécanique. F.R
Est-ce que toute la technologie ne consiste pas à réussir ce genre de métamorphose ou de communication ou bien entre des parties homogènes (ainsi la communication transubstantialisante, avec l’horloge, d’un mouvement vertical en un mouvement circulaire, ou encore dans la machine à vapeur, l’important couplage bielle/manivelle, qui permet de changer le va et vient transversal d’un piston en un rotatif continu) ou bien entre des régions hétérogènes, ce qui suppose donc un saut d’un registre à l’autre, à l’exemple du télégraphe, qui grâce à un alphabet morse intégré, tournera le message écrit ou oral en un courant électrique transposable et retraduisible
François Dagognet-Rematérialiser
…distinguer 3 types d’appareils ou de machines
a) celles qui assurent le transfert direct, d’un mouvement à un autre, ou d’une forme d’énergie à sa semblable
b) celles qui effectuent de vraies conversions, un changement radical
c) enfin les intermédiaires comme cette horloge qui réalise à la fois un simple passage, mais aussi une promotion
F.D