Tremblez, machines !

Tremblez, machines ! est une pièce à quatre mains. Quatre mains pour faire quoi ? À loisir, tracer quatre traits, jouer quatre mesures, écrire quatre mots. Mais encore ? On peut imaginer bien d’autres possibilités, que Jean Pierre Larroche et Catherine Pavet explorent avec autant d’humour que d’application. Ils ne sont pas venus les mains vides : le piano, pour l’une, le pinceau, pour l’autre, prolongent au-delà du bout de leurs doigts leurs exercices symétriques. Ils sont même capables de faire marcher leurs instruments à distance, s’il le faut.

Sous le contrôle d’un métronome malicieux, ils tirent les fils de leurs inventions plastiques et musicales, en dialogue et en cadence.

Ce spectacle peut être proposé avec un atelier dont la forme et le contenu sont à réinventer en fonction du temps et de l’espace à disposition.

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Tremblez, machines a été créé en avril 2016

à Anis Gras, Le lieu de l’autre – Arcueil

durée du spectacle : 40 min

spectacle tous publics à partir de 6 ans

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Équipe

conception et interprétation :

Jean Pierre Larroche, Catherine Pavet et Zoé Chantre

lumière et régie générale : Benoît Fincker

musique : Catherine Pavet

costumes : Sabine Siegwalt

construction : Emilien Diaz, Nicolas Diaz, Benoît Fincker, Jean-Pierre Larroche

contribution à l’écriture : Léo Larroche

administration : Charlène Chivard avec l’aide de Zoé Pautet

production : Laurène Bernard et Doina Craciun

Partenaires

Ce spectacle est une production de la compagnie Les ateliers du spectacle.

Avec le soutien d’Anis Gras – le lieu de l’autre à Arcueil et de l’Adami.

Calendrier

passé

Revue de presse

L'Humanité - 19 mars 2018

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Toute la culture - 9 mars 2018
La Vie - 8 mars 2018

Extrait du spectacle

Trois textes en annexe

Léo Larroche

Louchons, louchons

J’ai la fâcheuse habitude de dévisager les gens. La figure d’abord tremblote puis devient floue, les traits s’étirent et s’affaiblissent, si bien qu’on ne sait plus où se trouve le nez, on confond bouche et sourcils, le menton fuit, les épaules se dérobent, le ventre se découd et les jambes s’effondrent. Les silhouettes les plus solides se ratatinent sous mes yeux jusqu’à n’être plus que des traversins creux. Quand c’est une pauvre petite vieille que je scrute, pouf ! en quelques secondes elle s’évanouit purement et simplement. C’est pourquoi je m’efforce de regarder de travers tous ceux qui croisent mon chemin. Ce n’est pas bon pour les affaires. Ou bien je louche, et ce n’est pas mieux, au lieu d’un ils sont deux à se tenir devant moi, l’espace qui les sépare se rétrécit à vue d’oeil, bientôt ils se rejoignent et il faut recommencer, j’attrape d’affreux maux de tête. Le plus sûr reste encore de garder la tête baissée. Il faut croire qu’il y a dans le visage quelque chose qui m’échappe. Si l’on pouvait en découper les contours au ciseau, on pourrait retenir l’une ou l’autre de ces expressions impénétrables. Mais la face n’est pas une feuille de chêne que l’on conserve entre les pages d’un herbier. Au mieux, on garde une oreille, basta. Fi du reste. Donnez-moi les yeux d’un chien, le sourire d’un cachalot, et j’en ferai quelque chose.

Peindre à l’oeil

Face à face, on peut se regarder dans le blanc des yeux. Donc je m’assois et j’aligne mon visage sur le tien en réglant la mire du regard. Entre nous est disposé le nécessaire : une simple palette, une aiguille, deux pinceaux. Le poil doit être fin mais plat, sinon la pointe risque de blesser. Au besoin il suffit de le mouiller des lèvres. Nous patientons un peu le temps que l’horloge sonne l’heure. Tu clignes une fois, puis deux, tu es prêt ? Je commence avec le noir de la pupille. En partant du coin de l’oeil droit je trace une ligne qui s’en va vers l’oreille et s’y accroche. La même chose à gauche. Un trait plus large encadre le bord des yeux, avec un petit pont sur l’arête du nez. Je saisis l’aiguille et je te pique le dos de la main, tu serres les dents, ton regard se voile, je trempe le pinceau au point lacrymal et je le frotte énergiquement sur l’un des sourcils, pour faire partir le noir. Je passe tes pommettes au papier de verre, pour avoir du rouge. Je prends un peu de vert dans ton iris. Il est sombre, je l’adoucis avec du blanc. Sur la joue je dessine un poireau, avec toutes les nuances du vert. Pendant ce temps, tu peins sur mon visage le masque d’un cachalot, comment sais-tu qu’il y est ?

Décollage

Ma main était là. J’avais les doigts posés calmement sur le clavier. Tout était en ordre. Alors j’ai vu mon pouce se mettre à décrire un arc de cercle, comme l’aiguille d’une horloge, sans que je puisse rien y faire. Il a continué comme ça tranquillement, et quand il a atteint la perpendiculaire des autres doigts, il s’est arrêté. Après il a commencé à trembler, depuis la base jusqu’à l’ongle, et il s’est mis à vibrer, on aurait dit une mouche électrique. J’ai entendu comme un décompte : 5 4 3 2 1, et ensuite, une légère explosion au niveau de la première jointure, un petit jet de fumée blanche, et mon pouce a décollé.

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