Delta

La Camargue est confrontée à un risque croissant de submersion, lié à l’élévation du niveau de la mer, l’affaissement naturel des sols et la diminution des apports sédimentaires du Rhône. Cette combinaison accélère l’érosion côtière, menaçant à terme une partie du territoire et de ses habitant.es.
Deux visions s’opposent. D’un côté les stratégies de protection et de contrôle de ce phénomène naturel, notamment par un entretien renforcé des digues ; de l’autre une démarche d’adaptation favorisant des solutions naturelles, la restauration des zones humides, pour amortir les effets de la montée des eaux et préserver le territoire.

DELTA…Un projet de transmission
Le Citron Jaune et la Tour du Valat ont proposé à la compagnie de théâtre Le Groupe n+1 de mener un projet de territoire sur les problématiques liées à la montée des eaux de la mer auxquelles la Camargue est confrontée du fait du changement climatique.

La première étape de DELTA sera présentée au Festival Artivisme du Citron Jaune les 4 et 5 octobre 2025.

Équipe

conception : Groupe n+1
Mickaël Chouquet, Balthazar Daninos, Céline Diez et Christophe Havard
jeu : Mickaël Chouquet, Balthazar Daninos et Christophe Havard
composition sonore : Christophe Havard
scénographie : Céline Diez
conception lumières : en cours
conception technique : en cours
administration, production, diffusion : Charlène Chivard et Laurène Bernard

Partenaires

Ce spectacle est une production du Groupe n+1.
Coproduit par le Citron Jaune – Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public, la Tour du Valat – Institut de recherche pour la conservation des zones humides et le Vélo Théâtre – Scène conventionnée pour le théâtre d’objets et le croisement des arts et des sciences.
Avec le soutien du Parc Naturel Régional de Camargue et la Ville de Port Saint Louis du Rhône.

Calendrier

avenir

passé

Le Tarot

Le format du jeu

Dans la continuité de jeux déjà expérimentés par le Groupe n+1 (Changer le monde, Le Jeu des principes d’action, L’école du risque), DELTA est une création hybride entre jeu participatif et spectacle.

Il prend la forme d’un grand jeu de plateau qui pose les forces actives à l’œuvre sur le territoire : les menaces de submersion, la salinisation des sols, les dynamiques de transformation, les relations entre les différent·es acteur·ices qui interagissent avec le territoire : humain·es, animaux et végétaux.

Il s’agit, dans le temps du spectacle, de brouiller les frontières entre les acteurs et les spectateurs, et de nous mettre en scène comme un collectif qui pense et délibère, qui partage des questions et des horizons sur le devenir d’un territoire.

Extrait du Journal d’immersion

On a déjà nos petites habitudes à Port Saint Louis. Rendez-vous à 8h30 à la boulangerie pour un petit café. On est accueillis par un groupe de dockers qui ouvrent le cercle. Les discussions s’engagent autour des menaces aquatiques, des changements, des ressentis : La langue de sable de la gracieuse semble fragilisée, les eaux y pénètrent. D’anciennes péniches ont été échouées pour retarder la mer. Mais elles sont désormais sous l’eau. On ne peut plus les voir.
On écoute Didier, Khaïm, Lionel et d’autres. Rudy, avec son lumineux costume jaune, nous propose de nous présenter son père, Sylvain Chabassieu, qui pêche d’une drôle de façon…
Extrait du Journal d’immersion, du mardi 4 mars 2025, au Port

Morgane Jolivet, géomorphologue, est inquiète de nous recevoir. Elle a peur des malentendus qui circulent sur la tour du Valat.
Doucement mais sûrement elle nous recadre d’entrée de jeu. Il ne faut pas tout mélanger : La « submersion » et la « montée du niveau marin ».
Les deux phénomènes s’accélèrent avec le réchauffement climatique.
– La submersion est un phénomène ponctuel, qui engendre des inondations. Elle peut être due aux tempêtes et/ou au crues du Rhône.
– La montée des eaux est un phénomène continu. Elle entraîne l’érosion, c’est-à-dire une disparition, un retrait irréversible du trait de côte. Le rapport du GIEC prédit une augmentation de +66 cm du niveau de la mer en 2100.
Extrait du Journal d’immersion, du Jeudi 6 mars 2025 après-midi, à la tour du Valat

Avec Baltha on s’est donc rendu au cabanon de Sylvain Chabassieu. On est resté debout.
Sylvain, il est pas du genre à s’assoir. Il chasse debout. Les pieds dans l’eau. L’eau jusqu’en haut des cuisses. Pour tuer les poissons, il se sert d’une grande perche surmontée d’un harpon argentée (c’est ça qu’on appelle une « fouine »). Il chasse les poissons pour se nourrir et nourrir ses amis qui sont maintenant trop vieux pour se faire à manger tout seul. Livraison à domicile vers midi, comme ça il est sûr de prendre l’apéro avec ceux qu’il aime.
Il pratique la pêche comme un chasseur cueilleur. La ruse, l’instinct, le pouvoir de percevoir les reflets chatoyants d’un thon sous la surface, ou celui de deviner à tâtons dans la vase où se fraie la dorade.
« Je viens là depuis que je suis né. Je viens tous les jours. 2/3 fois par an, la mer vient jusqu’ici. Le cabanon, il est les pieds dans l’eau. La mer, elle monte jusqu’à cette marche. Après des épisodes de pluie, le Rhône est plein, les barrages sont ouverts pour empêcher une crue, et le vent qui souffle de la mer… Ça provoque des inondations vers l’embouchure. Mais ça a toujours été comme ça.
À certains moments de l’année, ici, c’est inondé. C’est comme ça.
Ça nous fait pas peur, on est habitués. »
Sylvain Chabassieu
Extrait du Journal d’immersion, du mardi 4 mars 2025, en revenant du cabanon

Delta en quelques mots

Un apéro Vaccarès qui nous raconte, en un verre, le tout de l’eau douce et de l’eau salée

Une paella à 40 au bord d’une grande carte submersible de l’île de la camargue

Des séances de divination depuis un tarot camarguais revisité dans lequel les arcanes majeurs sont des figures locales

Une immersion sonore et sensorielle qui nous mène du bois des rièges aux arènes de Saintes-Maries-de-la-Mer, en passant par les grands espaces et les petits bureaux

Un western qui se termine en duel sur une montagne de sel

Une théorie de psychologie –le triangle dramatique- qui nous place tous et chacun, à la fois comme sauveur, naufrageur et victime

Une assemblée délibérante composée de personnages camarguais et de leurs attributs

Des vivants en pagaille : ibis, spatules, flamants et rouge-gorges, taureaux et insectes, roseaux et fragmites…

Trois pingouins qui partagent leur diagnostic sensible territorial

Une sarabande à la guitare

Une cérémonie du riz inspirée du Delta du Mékong

Et une pièce pour train de marchandises et touriste photographe.

Avec la complicité de chercheur.euse.s de tout poil

Arnaud Béchet, agroécologie, écologue spécialisé en ornithologie et en conservation des zones humides | Olivier Boutron, hydrologue | Morgane Jolivet, géomorphologue côtière | Rose Rodier, modélisation intégrée des réseaux d’activités, des services écosystémiques et de la biodiversité en Camargue | Julien Réveillon, spécialiste de la mécanique des fluides numérique | Marie-Laure Lambert, spécialisée dans la recherche en droit climatique | Claude Vella, géographe géomorphologue | Jean-Paul Gay, adjoint délégué à l’Environnement et espaces naturels | Cyril Farci, président de la société de chasse de PSLDR et docker | Martine Mancion, présidente du Festival de Camargue | Véronique Coulomb, habitante | Lydie Catala, La palissade | Morgane Hernandez, chargée de mission évaluation | Magali Gorce, cheffe du service eau biodiversité et ruralité | Frédéric Lamouroux, responsable du parc ornithologique du Pont de Gau, aux Saintes Marie de la Mer | Raphaël Mathevet, écologue, géographe | Gaël Hemery, directeur réserve naturelle nationale de Camargue | Fanny Ricque, chargée de médiation scientifique | Aude et Frédéric Manade Raynaux | Myriam Granier, conservatoire du littoral | Joséphine Pinatel, conservatoire du littoral | Sylvain Chabassieu, habitant cabanier, pêcheur | Une bande de Dockers, dont Rudy Chabassieu | Floriane Matteo, chargée de mission | Nicolas Faucherre, professeur d’histoire de l’art et d’archéologie médiavales | Sonia Mondon, technicienne du spectacle | Sébastien Smitters, navigateur | Jean-Pierre Cau, conducteur de Tuk-Tuk | Hélène Michel, rizicultrice | Bernard Pujol, riziculteur canard | Thierry Liaboeuf, garde-digue sur le littoral | Gwenaël Pivert, Groupe Salins | Suzel Roche, réalisateuce, bureau des guide, taroto | Camille Dunan, rizicultrice | Aurélie dite Lili kite surf

X